Chroniques d’une Transition amorcée

« De la machine à vapeur, avec les inventions en tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle servira à définir un âge. »
(Bergson, 1907)

Il aura été pour le moins étrange d’entendre parler au printemps 2020 d’un monde d’avant et d’un monde d’après prenant comme ligne de partage… le confinement. Est-ce à dire que le virus couronné aura royalement préempté la zone de démarcation de ce que les historiens du futur appelleront probablement l’effondrement de la civilisation des énergies fossiles ? Un virus n’est pourtant pas un enzyme, catalyseur par excellence de la chimie du vivant. La toute première cellule vivante serait née de la coopération entre un virus, une bactérie et une mitochondrie. Dans l’ordre et pour la faire courte : le programme, la membrane et la fonction respiratoire.  Le programme du coronavirus est avant tout de nous fatiguer les bronches et nous chahuter le corps. Mais il est permis en effet de se demander au sortir du confinement si ce programme 100% biologique ne porte pas aussi indirectement le projet 100% sociétal de « précipiter » cette fameuse Transition vers un nouveau paradigme civilisationnel. Drôlement intelligentes ça se trouve ces petites bêtes…

Ce nouveau blog s’est donné pour objet de chroniquer à son niveau cette mue vers ce monde d’après, qui sera a minima celui de la fin des énergies fossiles. Mais qui est tellement plus que ça, bien sûr. Il suffit pour s’en convaincre de se pencher sur les 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Toutes les facettes de nos existence sont et seront impactées dans cette ère qui a déjà au-moins un nom géologique : l’Anthropocène.

« Le terme « Anthropocène » a été proposé au sein du Programme international géosphère-biosphère au début des années 2000, et immédiatement popularisé, pour désigner une nouvelle ère géologique marquée de l’empreinte de l’homme » (Dictionnaire de la pensée écologique, PUF 2015). C’est désormais une certitude scientifique : il n’y a plus de climat naturel. Avec pour première conséquence dramatique : l’extinction rapide des climato-sceptiques.

Ce blog, nous l’avons donc baptisé L’Anthroposcène. Au-delà du jeu de mots facile, il y a cette vision philosophique d’une drama humaine, quasi métaphysique, telle que toutes les grandes mythologies l’ont racontée, d’une destinée humaine se concevant comme une grande pièce de théâtre dans laquelle tous les personnages jouent leur rôle. Toutes les figures sont indispensables à l’histoire. Absolument toutes. Les acteurs les plus positivement engagés dans la transition seront bien évidemment sous les feux de la rampe sur ce blog. Mais nous veillerons à placer aussi la « poursuite » sur les figures qui naviguent à contre-courant. D’un billet d’humeur à une petite enquête. Attention, il n’y a donc pas de bons et de méchants dans cette nouvelle scène que vit le genre Sapiens. La pièce se prépare plutôt à un rebondissement qui va complètement redistribuer les rôles et bouleverser la trame. Inutile d’en attendre un happy end. D’une part, parce que la « fin de l’histoire » est un vaste débat philosophico-économico-historique qui n’a pas vraiment trouvé de réponse. D’autre part parce que le happy end n’est plus la question dans cette sixième extinction massive des espèces : «  Nous n’avons plus le temps d’être pessimistes » (Yann Arthus-Bertrand). Pas plus que de raison d’être optimiste. L’Anthropocène c’est d’une certaine manière le grand retour de l’âge de Faire…