Je me tiens depuis toujours à l’embouchure des fleuves,
Immobile saurien attentif aux effluves,
Docile précambrien sondant les remugles,
Rescapé émacié de millions de déluges.
Bien des limons, bien des têtes, ont roulé dans ces deltas,
Fécondant les terres, régénérant l’Histoire,
Ires de Déméter et carmins coups d’Etat,
De morbides alluvions nourrissent les abreuvoirs.
Pétrifié et muet depuis l’aube des mondes,
Par ce mystère épais d’un vivifiant immonde,
Je me tiens là, dans cette conscience du tréfonds,
Guettant la vérité que charrie cet éternel bouillon.
Stéphane Robinson
Nice, avril 2012