Dossier EDUCATION & TRANSITION
Pour une invitation à l’écologie intégrale !
L’anamnèse de notre système de valeur ? Un reset énergétique !
Qui peut et qui doit changer le monde ? Quelles doivent être nos priorités sociétales ? La justice, doit-elle être sociale ou environnementale ? Quels sont les acteurs qui doivent porter la responsabilité de ces transitions ? Les entreprises, l’État, les individus ? Quels sont les ingrédients nécessaires pour changer le monde ?
La réponse se trouve dans un seul mot : l’ÉDUCATION ! Oui, mais pas n’importe laquelle ! Celle qui nous permettra de construire un nouveau système de valeur. Et pour cela il faut adopter une démarche holistique qui parte de la cause et qui traite les causes. Nous devons sortir de la vision carbone, voir quel est l’impact au-delà du carbone et ensuite définir un référentiel collectif et des protocoles.
Rêver de l’éducation de la transition
Pour aller plus loin, analysons nos héritages émotionnels pour trouver la clé de notre éducation. Nous avons tous fait le constat de schémas qui se répètent de génération en génération. Évidemment, toutes nos déconvenues ne s’expliquent pas avec un lien avec nos ancêtres, mais si l’on fait tout notre possible pour atteindre notre objectif et que cela ne marche pas, il s’agit peut-être de mémoire cellulaire, ce que la psychogénéalogie appelle le poids transgénérationnel.
Et si nous faisions la même chose avec la métamorphose climatique. Prenons conscience des liens du passé, prenons le temps de réfléchir à notre « Anamnèse Climat » (retour de la mémoire du passé vécu et oublié ou refoulé) pour comprendre les causes de sa transformation et trouver les solutions.
Remontons le temps de nos mémoires pour réorganiser notre système de l’intérieur et rêver « l’éducation de la transition ».
« L’utopie n’est pas la chimère, mais le ‘non-lieu’ de tous les possibles. Face aux limites et aux impasses de notre modèle d’existence, elle est une pulsion de vie capable de rendre possible ce que nous considérons comme impossible. C’est dans les utopies d’aujourd’hui que sont les solutions de demain. » Pierre Rabhi. Arrêtons la RSE « Bullshit », d’autres voies existent pour reformuler l’éthique de notre temps. Et nous devons pour cela organiser le voyage à travers nos mémoires passés…
On ne construit pas un futur, sans assumer son passé…
En matière de défi climatique, certains veulent croire que le progrès trouvera les réponses aux problèmes, et que nos ingénieurs résoudront l’équation… C’est un peu « Prométhée contre Noé ».
A dire vrai, Le mythe du progrès est bien malmené par les raisons qui ont conduit à la situation climatique que nous vivons : plus de pêches, plus de construction, plus d’énergie, plus de consommation… Et comme le disait si bien Nelson Mandela, « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». C’est elle qui nous permettra de mettre en place de nouveaux communs ! il nous faut donc changer de disque, car il ne suffit pas de naître pour être vivant. La « vie vivante » est réservée à ceux qui en font le chemin en eux même. Et Nous sommes tous responsables pour les générations d’aujourd’hui et à venir qu’on fasse du pain, des livres ou de la biotechnologie !
Pour réussir une éducation au service de la transition, il nous faut désormais créer de nouveaux codes de pensée… L’énergie entrepreneuriale pourrait devenir une puissance publique, car elle résout de nombreux défis.
L’Anamnèse 1, pour transformer notre système de valeurs – Compétition ? Vive la coopération !
Notre époque, depuis l’ère patriarcale il y a plus de trois mille ans, a vu les valeurs de contrôle, de planification de compétition, de compétitivité, prendre le dessus sur des valeurs (dites plus féminines) de coopération, de sensibilités, d’altruisme… Notre intelligence est une chance et un outil précieux. Mais avons-nous les bons codes pour nous en servir ?
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. » Saint- Exupéry.
Notre société duale oppose souvent les enjeux politiques les uns aux autres, elle place les territoires en compétition avec leurs voisins.
Cette compétition est inscrite dans tout notre système et s’insère dans l’esprit. Elle est également la base de notre système scolaire. On oppose ainsi la performance intellectuelle à l’affectivité.
Il est important de souligner que nous ne gagnerons pas le défi écologique dans la compétition. En vérité, le mot d’ordre pour définir notre état d’esprit pourrait être : « Chacun sauve sa peau ».
Nous arrivons à un tournant décisif, et nous devons faire le deuil d’un modèle de civilisation. Et pour cela, nous sommes invités à développer « solidarité et coopération » pour faire « société ensemble ».
Nous avons l’opportunité de bâtir de nouveaux codes et de redécouvrir la joie, et les vertus de l’entraide en investissant dans les 1000 lieux où l’agriculture, l’école, la démocratie, l’entreprise se réinventent.
L’Anamnèse 2, pour transformer notre système de valeurs – la gifle !
7 juillet 2022 – Claude Malhuret fait une déclaration politique général devant la première Ministre Elisabeth Borne. En effet, depuis le 19 juin dernier, tout le monde proclame sa victoire avec un ‘art admirable’ de l’auto-persuasion. Les uns ont gagné parce qu’ils n’ont pas perdu, les autres ont gagné bien qu’il aient perdu, d’autres enfin croient avoir gagné parce qu’ils n’ont pas compris qu’ils avaient perdu. On connaissait les victoires à la Pyrrhus, il y a maintenant les défaites gagnantes ! La vérité est beaucoup plus simple, les deux vrais vainqueurs de ces élections sont le populisme et l’extrémisme. Lorsque qu’au premier tour de la présidentielle les extrêmes recueils 57 % des suffrages, lorsque les uns multiplient le nombre de leur député par 5 et les autres par 10, c’est une « Gifle » pour tous les partis démocratiques.
Il y a 5 ans, la France était citée en exemple, elle échappait à la vague de populisme qui frappa les démocraties et qui a donné Trump, Bolsonaro, le Brexit…
Mais aujourd’hui…. La France est rattrapée… Par son système éducatif !
L’Anamnèse 3, pour transformer notre système de valeurs – Le Bullshit, ou l’art de (vous) mentir !
Fake news, storytelling, nudge, langue de bois… ça vous parle ?
« Ce qui caractérise notre époque c’et la perfection des moyens et la confusion des fins. » Albert Einstein.
Quel est le point commun entre : l’affaire Benalla, le changement de nom de Total, la gestion des masques par le gouvernement lors de la Covid 19, le pouvoir d’achat « ressenti » et le greenwashing ? Il s’agit d’une certaine manière de représenter le réel, et de le mettre en scène. Le bullshit a toujours existé. Mais force est de constater que l’activité est favorisée par l’émergence de nouveaux codes dans la communication.
Comment, alors, apprendre à démêler le vrai du faux dans la masse d’informations nous parvenant chaque jour ? Comment redevenir acteur de son propre langage ? D’ailleurs, qu’est-ce que le langage authentique ? Nos enfants de l’Ancien Monde et du nouveau sont ainsi appelés à être les meilleurs explorateurs pour inventer comment vivre dans ce nouveau Monde.
Nous vivons une crise de la sensibilité. Pour Baptiste Morizot, il faut « politiser l’émerveillement ». Cette crise qu’il définit entraîne l’appauvrissement des mots, des capacités à percevoir, des émotions et des relations que nous pouvons tisser avec le monde vivant. Nous héritons d’une culture dans laquelle, dans une forêt, devant un écosystème, on « n’y voit rien », on n’y comprend pas grand-chose, et surtout, ça ne nous intéresse pas : c’est secondaire, c’est de la « nature ».
« Demandez à un jeune de vous citer 10 espèces différentes d’oiseaux, il n’y arrivera pas. Demandez-lui de citer des marques, il en citera des milliers.” Cyril Dion. Pourtant, les descendants des dinosaures sont partout, autour de nous… Il existe aujourd’hui près de 10 000 espèces d’oiseaux dans le monde, dont plus de 500 en France. Ce qui est fascinant avec eux, ce n’est que pour ne pas empiéter sur les autres, chaque espèce à son créneau quotidien pour chanter. De quelques minutes ou quelques heures. Une organisation millimétrée, sans aucun Google agenda ! Nous devrions prêter plus attention à la magie du vivant autour de nous… Pour redécouvrir le plaisir de l’émerveillement… Notre capacité, à comprendre la nature et à nous en rapprocher est devenue une nécessité vitale. En effet, d’ici 2024, le marché des Métaverse devrait valoir 800 milliards de dollars (selon Bloomberg). Plusieurs grandes entreprises achètent déjà “du terrain” et font des entretiens d’embauche dans le Metaverse. Les marques s’arrachent d’ores et déjà les “panneaux publicitaires” de ce monde virtuel… Une question demeure toutefois : en 2022, comment peut-on mettre autant d’argent et d’énergie dans quelque chose qui ne répond visiblement à aucun besoin réel et dont l’immense majorité de la population ne veut pas ? (sondage IFOP). Chaque année, plus de 2000 espèces de plantes sont découvertes dans le monde. On estime que plus de 85 % des plantes sur terre n’ont pas encore été recensées. (Source : Census of Marine Life). C’est autant de potentiels miracles de médecine et trésors pour nous inspirer et nous aider face aux challenges colossaux de notre époque. Pourtant, la déforestation ne cesse d’accélérer et nous avons perdu 87 % de nos zones humides au cours des 300 dernières années… Elles disparaissent actuellement plus vite que n’importe quel autre écosystème. 3 fois plus vite que les forêts. Avons-nous perdu la raison ?
L’Anamnèse 4, pour transformer notre système de valeurs – la peur de l’échec ?
« La plus grande décadence dans ce monde et de perdre son enthousiasme » (H.W Arnold).
Partons de l’entrepreneuriat pour comprendre et proposons d’autres voies alternatives. L’entrepreneuriat créé des richesses à partir de l’imagination. Pour Ken robinson la créativité, c’est avoir des idées nouvelles qui apportent de la valeur. En France, la proportion d’adultes qui créaient une entreprise est de 6 %, ce qui la place au rang de 56 sur 59 (étude de GEM, Grenoble École de management). Pourquoi est-on si mauvais en entrepreneuriat ?
L’étude de GEM montre que les freins pour la France sont la « peur de l’échec ». Et elle nous vient en grande partie de notre éducation. Car dans notre éducation française, il y a une règle et cette règle, c’est : « Il est interdit de se tromper ! ».
Résultat : cette règle implique une très mauvaise estime de soi. Remontons à nos souvenirs d’enfance : une mauvaise copie, une mauvaise dictée, une mauvaise note… Souvenez-vous ce que cela a provoqué chez vous ? Rappelez-vous ce que vous avez ressenti à ce moment-là ? Colère, mauvaise image de soi…
Cette règle, apporte aussi un manque d’autonomie face à l’erreur, un manque de persévérance. Cela pourrait expliquer le fait que la France ne lance toujours pas de loi audacieuse sur le climat. A contrario, La Finlande, vient d’adopter la loi climat la plus ambitieuse au monde. Le pays nordique compte notamment devenir le premier État développé à atteindre la neutralité carbone en 2035. Ensuite, d’ici 2040, il prévoit d’atteindre le net négatif, c’est-à-dire l’absorption de plus de CO2 qu’il n’en émet dans l’atmosphère. II est temps de changer le message et de rentrer dans une nouvelle ère, la fin d’une interdiction : « Le droit de se tromper ».
L’Anamnèse 5, pour transformer notre système de valeurs – Les esprits neufs, les premiers de cordée !
L’écologie est le filtre par lequel l’intégralité de nos choix gouvernementaux doit être considérée. De cette seule approche, naîtra une politique ambitieuse, enthousiasmante qui coordonnera le mouvement de tous les secteurs. Or nous sommes encore, et toujours conduit par les réflexes et des critères d’un « Ancien Monde », que l’on espère réanimer. Tant que cette illusion conservatrice perdurera, elle retardera l’avènement de nouvelles approches citoyennes et entrepreneuriales éco-conçues. En retardant l’exercice de la responsabilité des jeunes, nous nous privons de leur créativité, de leur espérance. Au nom de l’expérience nous faisons barrage aux esprits neuf alors que nous devrions les laisser devenir les premiers de cordée. Rappelons les mots d’Einstein « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. »
Nous élisons des hommes et des femmes pour leur vision large et lointaine, mais nous ne les jugeons qu’à l’aune de ce qu’ils conduisent dans notre intérêt immédiat. Par son ampleur, l’écologie ne peut être appréhendée dans le cadre d’intérêt assujetti à un calendrier électoral quinquennal ; et nous ne pouvons évaluer l’action de ceux qui nous élisons avec des indicateurs à 5 ans. Nous sommes dans un mouvement schizophrène incompatible avec les notions de bien communs.
Combien d’intérêt corporatistes ont empêché la mise en œuvre de mesures écologiquement pertinentes, en particulier en matière d’agriculture ou de transport ! Ce faisant, nous creusons encore davantage les dettes à l’égard des générations futures et nous empêchons de nouvelles formes d’éducation d’éclore.
A l’heure où nous écrivons la partition de notre futur vers un monde plus inclusif, humain et vertueux, il est souhaitable de replonger dans l’expérience du passé, et de créer des ponts inédits entre business et sagesse, économie et écologie, philosophie et management, poésie et stratégie. « Les mots justes trouvés au bon moment sont de l’action », murmurait Hannah Arendt. Découvrez la suite des Anamnèses dans la partie 2 de cette tribune. Elles ont la vertu de nous recentrer sur ce qui est fondamental pour l’humain, et de tracer une belle trajectoire possible pour demain, en prenant du recul par rapport à notre quotidien.
A destination des entrepreneurs et des dirigeants du 21ème siècle, à travers ces anamnèses, essayons de construire demain une société avec notre génie humain au service du bien commun.
(Crédit photo : Shutterstock)