Au premier semestre 2022, les startups françaises ont levé quelque 7,98 milliards d’euros, contre 4,67 milliards l’an passé. On compte aujourd’hui environ 1.600 startups industrielles, dont 600 auraient levé au moins 1 million d’euros. Même si ce nombre est amené à fortement progresser dans les années à venir, notamment au fur et à mesure de la structuration de l’écosystème de financement privé et des aides mises en place pour lancer des projets industriels dans tous les domaines, il montre également que les Start-ups ne sont utilisées à bon escient, alors qu’elles sont pourtant un réel outil de progrès ! Oui, la Start-up est bien révolutionnaire. Il est vrai que notre système accompagné d’un capitalisme prédateur a fait émerger des cimetières d’idées neuves. Et pourtant, la Start-up est la seule organisation en mesure d’intégrer les nouveaux préceptes de l’économie, les nouveaux modes de gouvernance, aucune entreprise, aucuns grand groupe à ce jour n’est capable de réaliser un tel défi. Il est également important de souligner, que la Start-up de demain n’a pas pour mission de créer de nouveaux marchés, car elle est la réponse à des marchés qui existent déjà.
Actuellement, un tiers des Start-ups industrielles évoluent dans l’industrie « classique » (électronique, photonique, robotique, impression 3D.…), un autre tiers dans la santé (biotech et medtech), et un autre tiers dans le « green » (énergie, agro-industrie, valorisation des déchets, mobilité et transports). À l’heure où le pays se cherche une nouvelle souveraineté industrielle, nous devons lancer des initiatives 100% de terrain pour démultiplier le nombre de Start-ups industrielles, développer un accompagnement sur-mesure pour ces Start-ups, structurer l’écosystème de financement, réunir French Tech et French Fab pour contribuer à réindustrialiser la France, mais surtout créer un projet de société autour des Start-ups industrielles. C’est-à-dire ; rationaliser l’ensemble des initiatives en les orientant vers plus d’utilité et en repensant le système de création de valeur.
« Si on veut obtenir quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait ».
Périclès (495-429 av. J.-C, homme d’État).
Le monde évolue. Il est aujourd’hui mondialisé, interconnecté, interdépendant et dépasse sa capacité annuelle de renouvellement des ressources naturelles au mois d’août de chaque année. Aussi est-il parfois intéressant, au-delà de regarder l’Histoire pour s’en inspirer, d’analyser les meilleures pratiques partout dans le monde, pour trouver de nouvelles manières de faire dans d’autres cultures et modes de vies. Les entreprises ont la possibilité de répondre vraiment aux besoins de la société. Elles sont capables de créer des marchés comme celui de la demande en eau, de soins, de logements, d’énergie, d’éthique… Aujourd’hui, nous devons reconquérir ce champ de la responsabilité sociétale des entreprises et de nos industries.
« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée, ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence ».
Arthur Schopenhauer.
Pierre Rabhi nous a laissé la belle histoire du colibri qui fait sa part, à sa mesure pour changer les choses. Mais cela peut paraitre bien dérisoire devant l’immensité du travail à accomplir pour rétablir l’ordre des choses. Et pourtant ! Nous savons aujourd’hui que la démarche commence en soi, et que si nous n’avons pas de prise sur le monde, nous en avons une sur notre écologie personnelle. Les choses changent de plus en plus vite, et nous voyons bien que nous arrivons au bout d’un système qui ne fonctionne plus. Cependant, nous devons trouver des outils pour vivre cette transition et cultiver un terreau nouveau, basé sur d’autres valeurs. Tout commence à l’intérieur de nous. Le monde des Start-ups doit oublier cette tendance à avoir absolument besoins d’une étude de marché, d’un audit technologique et d’un business plan pour démarrer son activité. Une logique très simple doit être mise en place : « quand vous avez une idée, vous agissez et c’est seulement lorsque votre première facture sera payée que vous pourrez élaborer un business plan. » Gunter Pauli.
De la « Startup-système » à un « plan Start-ups industrielles »
« Nous sommes sur terre pour passer de la peur à l’amour et de l’ignorance à la connaissance, pour grandir en conscience ».
Frédéric Lenoir.
Les opérations effectuées depuis le début de l’année ont permis à sept licornes d’émerger : Ankorstore, Ecovadis, Exotec Solutions, NW Group, Payfit, Qonto et Spendesk. Combinées, leurs opérations pèsent 2,2 milliards d’euros. Soit plus du quart (27 %) du montant total levé dans l’écosystème au premier semestre 2022. Pour rappel, le président de la République Emmanuel Macron appelle de ses vœux 100 licornes d’ici à 2030. Un objectif que des VCs, sondés par Maddyness, ont jugé atteignable. Le parcours actuel pour monter une Start-up produit 100 % de chance d’être en échec. « La survie après 5 ans est considéré comme un succès et les champions qui deviennent millionnaires se compte sur le bout des doigts ». Gunter Pauli.
Dossier de mauvaise qualité, investisseurs pas toujours au niveau, condition de travail problématique, bulle spéculative qui se greffe à la bulle des investissements… « Impossible de mesurer les actions positives sur l’économie d’investissement, notamment publics », énonce Benjamin Zimmer, CEO de Oui Care, dans ses discours et livres (Start-ups arrêtons la mascarade, une entreprise responsable et rentable c’est possible). Pour reprendre quelques termes parcours, « l’État a fait sa révolution dans le financement des Start-ups, mais il lui manque l’essentiel : les comprendre et s’adapter à elle. En effet, L’État a su tirer profit des Start-ups et élaborer les aides financières adéquates, mais il n’a pas encore compris ce qui était réellement attendu par les entrepreneurs ». Son rôle ne devrait-il pas être celui d’un stratège pour mettre en place un « Plan Start-ups »,une planification stratégique au service des entrepreneurs (res) et du bien commun ?
La caractéristique principale de la planification et la dimension du temps, en effet, elle est indissociable du temps. Souvent ébauchée par une liste à faire, elle se concrétise ensuite par un plan répondant de façon détaillé et concrète aux principaux aspects opérationnels : qui, quoi, ou, quand, comment, combien ?
À la recherche du temps perdu, et des possibles, comme ce monde a besoin de lenteur, sommes-nous devenus asynchrones ? Le temps, ce bien si précieux et illustre inconnu, tant pour les philosophes que les scientifiques.
Il serait peut-être temps de passer à une vraie planification des Start-ups, d’ouvrir une nouvelle voie à mission pour les fonds d’investissement et la finance publique. Mais ne confondons pas le temps et la vitesse, car le temps qui passe reste le même, « tandis que nos agitations s’accélèrent à l’intérieur de temps », Etienne Klein.
Selon le média Maddyness, d’après le cabinet EY, le Royaume-Uni a conservé au premier trimestre 2022 la première place européenne en matière de montant levé pour les Start-ups numériques : 18,4 milliards d’euros ont été collectés sur cette période, outre-Manche – soit une progression de 12 %, par rapport à 2021. Mais la France remonte sur la deuxième place du podium, avec 8 milliards, tandis que l’Allemagne chute d’une place, avec 6,3 milliards – soit une régression de 20 %, vis-à-vis de 2021.
« On ne peut pas résoudre un problème avec les mêmes modes de pensée que celui qui a généré le problème ».
Albert Einstein.
Nous sommes rentrés dans un mouvement schizophrène incompatible avec les notions de bien commun. L’écologie, par sa culture de la dynamique des liens, doit trouver l’exercice d’une démocratie participative, un outil indispensable à l’animation de son projet de même que la mise en œuvre « d’une république écologique » dépend de la mobilisation de l’État et des gouvernements chargés de la conduite à long terme, cette république ne verra le jour sans l’implication des individus dans son accomplissement. À commencer par les fonds d’investissement. Le penseur Felix Guattari qualifie « d’écosophie » la mise en tension, des écologies environnementales, sociales et mentales dans le cadre d’un projet éthico-politique.« Nous élisons des hommes et des femmes pour leur vision large et lointaine, mais nous ne les jugeons qu’à l’aune de ce qu’ils conduisent dans notre intérêt immédiat », précise Eric Kermel,. Par son ampleur, l’écologie ne peut être appréhendée dans le cadre d’intérêts assujettis à un calendrier électoral quinquennal et nous ne pouvons évaluer l’action de ceux que nous élisons avec des indicateurs à cinq ans. Le secret des nouvelles Start-ups sera de créer de la valeur, par une approche créative, avec ce qui est disponible localement. Saisissons donc cette opportunité pour bâtir une économie durable, pérenne, au profit du citoyen et des générations futures, des investisseurs, des politiques publiques, des collectivités et de la société civile pour qui ces innovations sont conçues.
« La plus grande découverte de notre génération a été de s’apercevoir qu’un homme peut changer sa vie en modifiant sa façon de penser. »
William James.
Fonds d’investissement, inspirez-vous de la maxime de Mark Twain : « Ils ne savaient que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Rendez l’irréalisable réel et évident ! Soyez innovants, disruptifs, audacieux, inédits, cassez les codes, hacker les habitudes et les méthodes. Et ensuite, de la rupture par l’innovation à la recherche de solutions, comme Bernard Werber, le dit : « Ne t’attaque pas au système, démode-le ». L’innovation montre un chemin possible et pourrait inventer de nouvelles solutions pour financer le secteur industriel, le « made in France ».
La Start-up cristallise tous les espoirs pour demain. Que ce soient les hautes sphères de la finance internationale ou les pouvoirs publics, la Start-up est le prétexte idéal pour se réinventer. Tous les ingrédients y sont : jeunesse, nouveauté, rentabilité, technologie… plusieurs critiques pourrait être exposées.
Certains considèrent que les Start-ups sont une bulle spéculative qui risque d’exploser à un moment donné. En effet, beaucoup de liquidité cherchent à se placer quelque part. Comme le résume Nicolas Colin, Co-fondateur de the Family , dans ces discours « Les Start-ups, viennent des bulles. Qu’est-ce qu’une bulle ? Ce sont des opportunités qu’on ne parvient pas à chiffrer, car elles n’existaient pas avant. Tous les investisseurs viennent dessus puis la bulle explose parce que la valorisation des entreprises est excessive. ».
« Tout est énergie, et c’est là tout ce qu’il y a à comprendre dans la vie. Aligne-toi à la fréquence de la réalité que tu souhaites, et cette réalité se manifestera. Il ne peut être autrement. Ce n’est pas de la philosophie. C’est de la physique. »
Albert Einstein.
Comme l’eau, le capital choisi les voies les plus rapides et les plus directes, et change de voie dès qu’il y a un raccourci. La possibilité d’investir selon ses moyens et ses ambitions dans les Start-ups, engendre un flux important de capitaux qui doit trouver sa place. C’est la raison pour laquelle il faut que des Start-ups se créent et consomment du capital, un peu comme une voiture consomme de l’essence. La meilleure solution, comme l’expose le sociologue Nicolas Menet , « est donc de fabriquer à la chaîne des Start-ups, comme autrefois l’industrie, et de les valoriser financièrement, souvent bien plus qu’elles ne valent réellement. Les Licornes sont généralement valorisées à plus d’un milliard d’euros alors qu’elles en valent beaucoup moins ». Les banques ne se positionnent pas sur le financement des Start-ups, car celle-ci est trop risquée. De ce fait, beaucoup de placements sortent du champ bancaire, laissant libre court à une spéculation non maîtrisé.
« Il faut sauver les condors, non pas seulement parce que nous avons besoin des condors, mais parce que nous avons besoin de développer les qualités humaines nécessaires pour les sauver ; car ce sont ces qualités-là dont nous aurons besoin pour nous sauver nous-mêmes. »
Ian MacMillan, écologiste américain.
À l’instar des levée de fonds en cryptomonnaie, la valeur des Start-ups est donc parfois totalement virtuelle. « Il s’agit le plus souvent d’une valeur théorique, qui, finalement ne rapporte pas réellement d’argent. Cette spéculation est intrinsèquement liée à l’innovation sans précédent liée au numérique. » Précise, Benjamin zimmer, dans certains de ces discours. « Une innovation facilement copiable et qui perd de sa valeur ». Cette fabrique capitalistique et industrielle de la Start-up provoque l’arrivée de projets de mauvaise qualité dans les bureaux des investisseurs rare sont ceux qui répondent à un réel besoin de société.
Les business Angel ou venture capitalistes sont débordés par les demandes de financement. Ils passent plus de temps à analyser, filtrer les dossiers qu’à accompagner les règlements les Start-ups. L’accès démocratisé au financement des Start-ups et les nombreux avantages fiscaux proposés aux investisseurs novices mettent sur le marché des business Angels, peu experts.
Rachel Vanier dans son Roman, « Écosystème », plein d’humour sur le monde des Start-ups, les nomme les « ISF » catégorie d’investisseurs à éviter, car incapables d’accompagner les entrepreneurs sur lesquels ils ont misé recherchant davantage un abattement fiscal qu’une aventure entrepreneuriale.
A l’ode des futurs antérieurs… Vers une finance à Mission !
Sauter le pas de la création d’entreprise, rêver de toute une génération de banquiers fatigués et de consultants blasés qui espèrent trouver dans les start-ups le sens perdu dans leurs études à rallonge. Des idoles qui gagnent des millions dans la Silicon Valley, pendant que certains peinent à faire décoller leur projet. S’envolent pour San Francisco chasser des licornes dans cet eldorado technologique. Et se retrouver entre applications qui fusent, acquisitions en série et levées de fonds astronomiques… « Un but est un rêve avec un délai ». Napoléon Hill (1883-1970, auteur de Think and grow rich) Tout part du rêve ! « Tout ce qui peut être imaginé est réel », disait même Walt Disney.
Savons-nous réellement utiliser le pouvoir de la finance ? Pour passer du rêve à la réalité, il y a l’action. Mais avant l’action, il y a une vision, un objectif et un délai dans le temps. Un but est un rêve avec un délai ou quand le rêve devient réel car planifié dans le temps. Le temps que l’on pourrait représenter par la bobine d’un film qui contiendrait déjà le grand tout : passé, présent et futur. Cher.es entrepreneur.es, quel est votre but, votre rêve et votre délai pour l’amener à la réalité ?
« L’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle ».
Antoine de Saint Exupéry
Le plan Start-up industriel annoncé en janvier 2022 et porté par la BPI France. « Financé par France 2030 à hauteur de 2,3 milliards d’euros va permettre d’appliquer pour la première fois les méthodes de capital risque à l’industrie, en procédant à des injonctions de capital à haute intensité sur des projets très circonscrits, pour faire monter des unités industrielles sur des produits technologiques à forte croissance », mentionne Nicolas Dufourcq dans son livre la « désindustrialisation de la France ». Il ambitionne de connecter les cultures aujourd’hui relativement séparées « des entrepreneurs quadras et quinquas de l’industrie et des trentenaires du numérique. Choc de culture que l’on retrouve avec l’État ».
Culture entrepreneuriale et libérale d’un côté, culture du service public et de l’intérêt général de l’autre. C’est donc un défi culturel auquel nous devons faire face. France 2030 ouvre une nouvelle page de modernisation de notre industrie, avec une approche schumpétérienne :
50 % du financement bénéficiera à de nouveaux acteurs. « Il ouvre la voie d’actions nouvelles, autour de PME innovantes, des Start-ups industrielles, des nouvelles usines ultra digital et décarbonées et de la collaboration entre les entrepreneurs et les laboratoires ». Pour autant, financer des Start-ups industrielles peut s’avérer autrement plus complexe et risqué que de financer des jeunes pousses du numérique ou des services. En effet, elles sont freinées pour trouver des capitaux et passer à l’industrialisation, note un rapport mené par l’Inspection général des finances et le Conseil général de l’économie, remis en septembre 2021 à la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Ces freins sont également mis en avant par Le Collectif Start-ups Industrielles France (CSI France), Co-fondé par l’audacieuse Éléonore Blondeau venue de la planète Lyon, avec un groupe d’entrepreneurs (res), et de maker industriels. Rappelons que le Collectif, s’est donné pour mission de faire connaître l’existence des Start-ups industrielles et d’accompagner la transformation de l’écosystème start-up en faveur de l’amorçage industriel, dans une démarche d’économie circulaire.
Pourquoi sont-elles freinées dans leur envol ? Les raisons sont multiples.
Tout d’abord, le temps de mise sur le marché est généralement bien plus long que pour des start-ups du numérique ou des services. Par exemple, pour produire, il faut construire des usines, et cela prend du temps, environ 12 à 18 mois rien que pour un bâtiment. Il est vrai que si elles sous-traitent la production série, il n’y aura pas besoin de construire d’usine mais dans tous les cas elles devront réaliser la documentation et les outils de production.
Ensuite, la majorité des fonds d’investissements sont issus du monde de la finance et pas de l’industrie, ils ne comprennent pas le langage des Start-ups industrielles et leurs besoins. Enfin, certains fonds n’ont pas été créés pour financer ce type de modèle. En effet, le parcours de financement et les véhicules de financement à destination de la Start-ups ont été conçus uniquement pour les Start-ups du numérique et du service.
Autre point, investir dans le numérique serait, plus rentable, car c’est plus rapide de faire du chiffre d’affaires pour eux. Cependant, certains fonds jouent le jeu et essaient de fixer des objectifs de « croissance » et non pas que de rentabilité, car ils ont bien compris que dans l’industrie, une fois la production lancée, la barrière à l’entrée est très élevée pour les concurrents.
« Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer ».
Peter Drucker (1909-2005, professeur et théoricien en management)
Quelle attitude adopter pour que notre futur souhaitable se réalise ?
Essayer de l’imaginer et d’analyser les forces en place, ou plutôt passer à l’action et le rendre possible, à son échelle ? L’avenir est en nous et dans le nous. Donc, à nous de créer notre avenir avec notre créativité et notre détermination, notre ingéniosité et nos innovations…
Plus qu’une prévision, l’avenir est une recherche de solutions et un passage à l’action.
Pour financer les Start-ups industrielles, des fonds audacieux ne fixent pas de chiffre d’affaires défini. C’est-à-dire qu’ils n’associent pas la performance au taux de rentabilité (TRI). Ils la mesurent selon un taux de croissance, d’année en d’année. Ainsi, plutôt que de demander un chiffre d’affaires X la première année et un chiffre d’affaires Y la seconde, le fonds attendra de ces start-ups en phase d’amorçage une augmentation de leur chiffre d’affaires année après année. Voilà toute la différence !
Pour d’autre fonds, c’est sur l’avancement technologique qu’ils réclament à leurs sociétés une évolution en phase d’amorçage, pas sur le chiffre d’affaires. Par exemple pour les Start-ups hardware, ils prévoient de financer 6 à 12 mois de plus avant la phase d’industrialisation par rapport à leurs objectifs de lancement initiaux.
Ne faudrait-il pas changer les règles de la finance ? Pour aller vers une finance à mission… Les financiers, dans l’écosystème des Start-ups, ont été formés pour financer le numérique.
De ce fait, il nous faut :
– Créer de nouveau véhicule d’investissement adaptés au besoin des Start-ups industrielles, modèle sans fin, comme les fonds Evergreen proposés par le CSI France
– Inventer un nouveau modèle de fond d’amorçage industriel à capital patient qui financeraient les Projets hardware à chaque étape de leurs développement
– Développer un outil financier adapté pour ce type de projet
Tout comme le dite le Collectif Start-ups industrielles France (CSI France) ; la croissance de l’entreprise est donc la garantie pendant longtemps. Sans oublier qu’elles ont tendance à créer plus d’emplois et de la cohésion territoriale et, parfois même, à jouer un rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
« Un bon financier, c’est celui qui sait adapter ses outils de financement en fonction du besoin du projet. Nous devons développer un modèle pour le financement des Start-ups industrielles. Les fonds doivent diversifier leurs véhicules d’investissement ».
Éléonore Blondeau.
A la croisée des deux mondes : Start-ups numériques et Start-ups industrielles
À ces obstacles, s’ajoute un défaut structurel souvent mis en avant par le Collectif Start-ups industrielles France (CSI France) mais également par le cabinet de renseignement et des protections des affaires Major Intelligence, (organisme de formation spécialisée intelligence économique ) : par leur nature, les Start-ups industrielles se retrouvent souvent à la frontière de plusieurs mondes. En effet, certaines sont trop vieilles pour être concernées par les mécanismes de financement des jeunes pousses, quand d’autres n’ont pas assez de besoins pour être éligibles – le fonds Sociétés de projets industriels (SPI) de Bpifrance ne finance des projets qu’à partir de 10 millions d’euros, par exemple.
D’autres encore ne rentre pas dans les bonnes cases, elles ne bénéficient pas des stratégies nationales, conformément au rapport France 2030, lancées par Emmanuel Macron, et ses équipes, dans la Deeptech (quantique, cybersécurité intelligence artificielle, biotechnologies…). L’étude de BPI France confirme cette orientation technocentrée, deeptech. Alors que beaucoup de ces Start-ups industrielles ne sont pas issues de laboratoires mais simplement du bon sens de leurs fondateurs.
En réalité, la problématique vient du manque de compétences des structures de financement qui ne comprennent pas le modèle économique des Start-ups industrielles, de l’industrie et les besoins des entrepreneurs. Ils du ont du mal admettre qu’elles fonctionnent différemment. Ce qui nous ramène au langage commun.
Une question se pose : la révolution numérique progression ou régression ? Comme le pensait Darwin, « c’est la nature qui sélectionne les individus les plus adaptés pour vivre dans tel ou tel environnement ». Grâce au numérique, l’homme gagne une possibilité nouvelle de mise en relation (individus, groupe, réseaux, savoirs). Il permet la reproduction d’information à très haute vitesse. Le numérique change les règles du jeu en créant de nouvelles règles. C’est ce que l’on appelle la disruption. Que ce soit la banque, la culture, le commerce, l’administration… Aucun secteur n’a été épargné par la transformation numérique. Le progrès ne doit pas être limité à la technologie. Le progrès repose sur des principes scientifiques et de l’innovation sur des avancées technologiques. En mettant en avant la technologie comme seul vecteur du progrès, une partie de la startup-sphère se fourvoient et ne pense pas aux conséquences de cette croyance prométhéenne.
Par conséquent, la relation à la technologie et au numérique doit inviter à repenser l’éthique et à réévaluer les notions de liberté, croyance, et de responsabilité. C’est peut-être à cette seule condition qu’elle deviendra une vraie révolution vectrice de changement et de transformation du monde.
Il est vrai qu’elles sont moins connues que les Startups de la « French Tech digitale ». L’enjeu est aussi, pour la puissance publique, d’offrir un cadre favorable aux startups qui sont prêtes à prendre le risque de l’industrialisation, confirme le rapport ministériel à ce sujet.
En comme nous le savons, en matière de financement, les startups industrielles peinent à trouver des capitaux patients pour financer des démonstrateurs (entre 5 M€ et 30 M€) ou des premières usines (entre 20 M€ et 150 M€). « Les durées de développement longues, le risque d’industrialisation ainsi qu’un manque de culture industrielle au sein des sociétés de gestion expliquent notamment ces difficultés. La faible appétence des financeurs en fonds propres n’est compensée ni par les financements bancaires privés, limités, ni par les garanties et les prêts publics, essentiellement du fait de leur montant ». Alors que le destin de l’industrie et de la Start-up sont liées, précise le rapport de la Fabrique à industrie.
« Seul on va vite, ensemble on va loin ».
Proverbe africain
Comment passer du « JE » épanoui au « NOUS » de l’aventure collective ? Nous avons tous des talents individuels uniques à explorer et exploiter, mais le « NOUS » est bien plus fort que la somme individuelle de chacun de nous. 1 + 1 = l’infini des possibles.
John Lennon avait d’ailleurs cette superbe formule : « Un rêve qu’on rêve seul est seulement un rêve ». Un rêve dont on rêve ensemble est une réalité, Rien ne sert de courir, il est préférable d’aller au point et d’atteindre son but, ensemble et pour le bien commun, car nous ne sommes aussi riches d’idées et d’échanges qu’en unissant nos forces, nos compétences et nos talents. C’est la définition même du génie humain au service de demain.
Mais alors, comment concilier industries, monde des affaires et limites planétaires ? L’équivalent des vagues de chaleur que nous avons connu en Europe de l’Ouest en juin et juillet 2019 seront de l’ordre de 4 fois plus fréquentes dans les années 2040. C’est pourquoi des actions d’adaptions sont à engager dès maintenant pour adapter nos villes, nos infrastructures, la gestion de l’eau, la prévention des risques de feux de forêt, la prévention des risques pour la santé.
Et pour reprendre quelques mots du livre de Fabrice Bonnifet et Celine Puff Ardichvili, « l’entreprise contributive » ; L’adaptation, est une approche qui utilise les connaissances actuelles pour anticiper l’inédit, s’y préparer et réduire l’exposition et la vulnérabilité des plus faibles. En ville par exemple, cela veut dire ramener plus de végétation et d’eau, avoir de surfaces plus claires désartificialiser les sols… Les transformations que nous devons mettre en œuvre sont radicales, en rupture avec les trajectoires de développement historiques.Pour autant, les solutions sont connues : investir massivement dans les technologies bas carbone, isoler les bâtiments, arrêter d’investir dans les énergies fossiles et dans les structures qui accroissent notre dépendance à ces énergies (comme l’étalement des villes) mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus durable… et transformer la Société vers un modèle basé sur la sobriété.
Aujourd’hui l’enjeu et de faire des choix, mais également de penser les liens entre climat et inégalités, entre climat et biodiversité, entre climat et santé.
« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. »
Friedrich Hegel (1770-1831, philosophe)
Victor Hugo avait pour habitude de dire que « rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue ». Pour ma part, je pense que rien n’est plus fort qu’une idée dont la passion a germé. Les passionnés sont des rêveurs et des acteurs fusionnés, ceux qui ont le courage, la force, la détermination et la persévérance de ne pas abandonner, d’aller au bout de leurs rêves. La passion possède la magie de l’audace. Ce sont les petits pas enchaînés sans relâche qui aboutissent au meilleur des résultats. Et comme clamer la publicité Apple Think Different en 1997, « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent ». Qu’attendons-nous pour faire mettre en place au sein de chaque entreprise une raison d’être au service du bien commun ? Et quel sera le nouveau visage des entreprises ! Termitière, circulaire, verte, autarcique… Angoisse du réchauffement climatique, boom des technologie numériques, pression croissante « des citoyens-consommateur », les entreprises ne sont pas imperméables aux grandes aux grands mouvements de société.
Dans 30 ans, le capitalisme aura changé de visage, des modèles alternatifs apparaissent, proposant de nouvelles façon de s’organiser, de produire, de partager le pouvoir ou d’être acteur du changement climatique : l’entreprise réseau, l’entreprise autogouvernée, l’entreprise ONG, l’entreprise autarcique, l’usine a la demande, l’entreprise régénératrice… Les entreprises devraient toutes être au service du bien commun. En effet, l’entreprise est aujourd’hui appelée à jouer un rôle dans la société pour concilier le monde des affaires et limites planétaires. Pour mettre en place une stratégie RSE proactive, il s’agit à la fois de conjuguer intérêt général et développement économique. En effet, elle devra toujours générer de la valeur, mais sa gouvernance et son organisation doivent garantir le partage de cette valeur de façon équitable entre toutes les parties prenantes. La Covid-19, avec les confinements, nous a montrées que nous pouvons changer de modèle sur un temps court.
Tout est une question d’audace ! Il faut repenser l’entreprise, la Start-ups dans la recherche du bien commun et mettre l’humain au cœur de sa raison d’être, en intégrant le rôle d’une entreprise acteur de progrès dans toutes ses dimensions : sociale, économique et environnementale. En route vers la grande métamorphose, celle d’un capital risque industriel au service des entrepreneurs (res) du bien commun.
(Crédit photo : Shutterstock)