L’amorce d’une transition

Temperance. Sea Nymph. Fantasy Creatures Tarot full deck. Major arcana. Hand drawn graphic illustration, engraved colorful painting with occult symbols

Une Goldilocks planet, (planète boucle d’or) est une planète où les conditions premières sont remplies pour qu’une vie s’y développe. 
C’est le cas de la planète Terre que nous occupons, qui n’est pas trop près de son étoile, le soleil, mais pas trop loin. Cette appellation est une allusion au conte intitulé Boucles d’or et les Trois Ours dans lequel l’héroïne, Boucles d’or, décide de manger le gruau du bol de l’ourson lorsqu’elle se trouve au logis de la famille ours, car ce bol n’est « ni trop chaud, ni trop froid », tout comme doit l’être la zone habitable d’une étoile.
Pendant des années nous avons culpabilisé les hommes les persuadant qu’ils pourront sauver la planète en pratiquant ce que l’on nomme « les écogestes ». Même si chacun doit faire sa part, « le problème est avant tout structurel, politique, économique, dans le monde 100 entreprises sont responsables de 70% des émissions de gaz à effets de serre ». Cyril Dionun monde nouveau.

Dans son dernier rapport, le GIEC consacre un chapitre entier à la baisse de la demande des consommateurs et à la « sobriété ». Cette dernière est un élément majeur de la réduction des émissions de CO2 selon le groupe d’experts. Avec l’inflation des prix de l’énergie, la sobriété vient sur le devant de la scène.

Comment définir le concept de sobriété ? Est-ce de la modération, de la privation, de la décroissance, est-ce positif, négatif ?

Comme, vous l’aurez sans doute compris, la sobriété ne possède pas de définition « unique, partagée et précise ».  Cette notion, « indispensable et complémentaire de l’efficacité » pourrait-être définie de la façon suivante :  une situation dans laquelle des ressources limitées sont mises au service de besoins raisonnés. 

Qu’est-ce qu’une ressource limitée ?
À moins d’être sur la planète mars, tout le monde a bien compris la crise de notre biosphère. Les limites planétaires sont atteintes et nous sommes dans un point de bascule ou aujourd’hui nous n’avons plus le choix ! Donc c’est impératif de réduire la quantité énorme de ressources naturelles que nous utilisons, environ 100 milliards de tonnes chaque année. Soit 3 fois plus qu’il y a 30 ou 40 ans.

Qu’est-ce que des besoins raisonnés ?  
Ce sont des besoins humains. En effet, nous ne pouvons pas avoir que la croissance économique comme actif essentiel pour satisfaire ces besoins humains. Nous devons partir des besoins humains essentiels comme la santé, l’éducation… Redéfinir complètement l’objectif social. Ces besoins seront ensuite raisonnés grâce à la justice, c’est-à-dire raisonnés par un débat rationnel qui permettront d’allouer les ressources. En résumé, la sobriété ce sont des ressources limitées et des besoins raisonnés.

La France est incroyablement en retard, cette culture de la sobriété n’existe pas.  J’ai parfois le sentiment qu’en France la transition énergétique n’a toujours pas démarré. Il faut organiser cette sobriété et l’organiser de manière collective, avec les bonnes feuilles de route. Aujourd’hui, nous avons toutes les mesures, mais nous ne savons pas comment faire.

Pour le gouvernement, qui découvre pour la première fois la planification écologique, la sobriété, serait : 

  • Demander à tous les Français de faire tous les efforts pour faire face à la pénurie. 
  • Ce qui revient à organiser une sobriété, à court terme, qui permet uniquement d’organiser les carences en eau, en énergie… 

En réalité, ce qu’il nous manque c’est d’apprendre à penser le temps long et construire un plan pour tout changer. 

La vraie question à se poser, au nom des limites plantaires, au nom du droit des générations futures à pouvoir utiliser ces ressources limitées serait, la suivante : 

– Comment est-ce que l’on satisfait les besoins vitaux de tout le monde, tout en faisant l’économie des besoins superflus ? Autrement dit, comment mettre en place une sobriété audible, c’est-à-dire choisie par les Français.

Par exemple au lieu de demander au français de baisser son chauffage de 1 degré, nous pourrions voir comment vivre ensemble à 20 degrés.  Il est difficile de baisser le chauffage pour une famille en situation de précarité. 

Elle doit choisir entre se chauffer, manger ou prendre des douches froides toute l’année pour terminer la fin du mois. Les efforts à fournir devraient être différents en fonction des privilèges économiques des uns et des autres. 

Ne devrions pas nous détacher de nos liens d’aliénation qui nous rendent dépendants ?  Apprendre à se détacher de certaines croyances (limitantes), faire un pas de côté sur la norme, être intuitif, comme le suggère Sandrine Roudaut (Maison d’édition la Mer salée). 
Prenons un exemple : « d’un côté nous identifions que le système financier est fondamentalement mortifère (notamment parce qu’à cause de lui des projets destructeurs sont possibles, ou du fait de l’évasion fiscale les services publics ne sont pas financés), pourtant tant que nous avons un compte en banque nous ne pouvons pas souhaiter que ce système explose. » 
Prenons un second exemple : il fait froid, donc le gouvernement nous demande de faire attention à l’énergie et de ne pas en consommer. C’est justement parce qu’il fait froid que nous en avons besoin. Pourquoi ne pas consommer différemment ? Par exemple, en coupant l’énergie des panneaux publicitaires ou encore les vitrines de magasins. 
Mais cette décision ne nous appartient pas ! Nous sommes donc dans un système que l’on ne maîtrise pas, ce qui entraine la désobéissance civile (coup de gueule envers les décisions de l’État, pétitions, grèves…),  la création des mouvements de protestation (comme les gilets jaunes). Tant que le pays ne se dotera pas de la capacité à empêcher de rajouter de nouvelles difficultés aux français, on ne pourra malheureusement qu’être pessimiste sur notre capacité à atteindre la sobriété intégrale.

Chercher l’optimum du confort tout en préversant les écosystèmes, c’est une réorganisation de la société !
En réalité, la pensée économique n’est pas prête à affronter le 21e siècle, elle n’est pas prête à affronter les chocs écologiques et la justice sociale, car nous avons fait abstraction au bien-être essentiel, celui d’avoir un niveau de vie décent universel pour vivre sur une biosphère.

Derrière la sobriété, se cache le mot satiété.  C’est -à-dire arriver à un juste milieu. Aujourd’hui nos instruments de mesure ne sont pas les bons. Ne devrions-nous pas nous poser la question suivante : dans quel secteur voulons-nous croître et dans quel secteur voulons-nous décroître ? 

Liberté, égalité, sobriété : pour éviter les coupures de gaz et d’électricité cet hiver, mais aussi limiter le changement climatique, la sobriété doit devenir un élément cardinal de l’action publique. Reste à la rendre socialement acceptable, en répartissant l’effort équitablement…La sobriété c’est de la cohérence, ce sont des sociétés conscientes ! Il s’agit d’embarquer nos sociétés dans un contre-récit qui dépasse le récit dominant actuel. Car la croyance partagée par des milliards de gens que consommer c’est le bonheur a un coût écologique, mais aussi social. Dépasser un modèle linéaire fondé sur la vente en volume et la possession de produits afin de faire advenir un modèle circulaire fondé sur l’usage et le service. Bâtir un récit qui impulse de nouvelles tendances plus vertueuses, l’entraide, le partage, le don, le réemploi et la réparation, mais surtout le faire ensemble.